Le changement climatique en Belgique vu par des marqueurs agronomiques

4 juin 2014

par Timothy Cengiarotti, étudiant à l’ULg Arlon Campus Environnement.

Dans le cadre de l’année préparatoire au master en sciences et gestion de l’environnement à l’Université de Liège, j’ai dû prester un stage dans l’unité de recherche Eau-Environnement-Développement dont les locaux sont établis sur le campus d’Arlon. L’objectif fut d’évaluer le changement climatique de ces 25 dernières années (1988-2012) sur l’agriculture en Belgique, et ce, par le biais de marqueurs agronomiques. Deux cultures ont été étudiées: le maïs (Zea mays) et le blé d’hiver (Triticum aestivum L. subsp. Aestivum). Voici les 3 marqueurs agronomiques retenus pour chacune d’elles:

  1. Les «degrés-jour» de croissance, relatifs au cumul des températures
  2. Le cumul des précipitations durant la période critique de développement
  3. Le bilan hydrique durant la période de croissance, qui permet d’associer les facteurs thermiques et hydriques.

Tous les résultats, sous forme de cartes, sont disponibles ici :

  1. ∑ des degrés-jours pour le froment (période 15/10 – 31/07 de l’année suivante)
  2. ∑ des degrés-jours pour le maïs (période 01/05 – 30/09)
  3. Cumul des précipitations pour le froment
  4. Cumul des précipitations pour le maïs
  5. Bilan hydrique pour le froment
  6. Bilan hydrique pour le maïs

Grâce aux résultats obtenus à partir du 1e indice, nous avons pu dégager quelques enseignements que je vous présente ci-dessous. La période considérée pour le calcul s’étend du 01/05 au 30/09 pour le maïs et du 15/10 au 31/07 pour le blé d’hiver, ce qui correspond à leur période de croissance.
1. Les indices retenus montrent un réchauffement du climat sur ces 25 dernières années pendant la période de culture en Belgique. Ce réchauffement est mis en exergue par le cumul thermique qui n’a cessé de croître malgré des retours à des valeurs plus basses à partir de 2010. Les moyennes des valeurs annuelles réalisées sur les intervalles 1988-1999 et 2000-2012 augmentent de 87 et 143 degrés-jour respectivement pour le maïs (passage de 1451 à 1538 degrés-jour) et le froment (passage de 2471 à 2614 degrés-jours). Toutes les saisons sont donc concernées par ce réchauffement puisque seules les données des 15 premiers jours d’octobre ne sont pas comptabilisées dans le calcul. La figure 1 expose les valeurs extrêmes rencontrées durant la période de croissance du blé d’hiver en 2006-2007, considérée comme la plus chaude de ces 25 dernières années.

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Fig. 1

2. Lors d’épisodes particulièrement chauds comme celui-ci, on rencontre en Ardennes les conditions que l’on connaît en Campine dans des conditions météorologiques dites normales. Le Condroz, la Famenne et la région Jurassique sont fortement touchées lors de vagues de chaleur avec des valeurs dépassant de 1500 degrés-jours les moyennes campinoises. Seule la Haute-Ardenne conserve sa fraîcheur et l’impact des épisodes chauds extrêmes n’est donc pas global.
Pour terminer par des conclusions plus générales, on constate l’apparition d’épisodes climatiques extrêmes en plus grand nombre au cours des années post 2000 tels des vagues de chaleurs ou des orages d’été. Ce phénomène est mis en avant par le passage de 73 mm (moyenne annuelle sur la période 1988-1999) à 112 mm (moyenne annuelle sur la période 1999-2012) durant la période critique de développement du maïs (01/07 – 05/08). La figure 2 illustre le cumul des précipitations durant le mois de juillet 2000.

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Fig. 2

Par contre, les printemps sont légèrement plus secs ce qui se traduit par le passage de 166 (moyenne annuelle sur la période 1988-1999) à 161 mm (moyenne annuelle sur la période 2000-2011) pour la période critique de développement du blé d’hiver (01/04 – 15/ 06). Un exemple de printemps extrêmement sec est présent sur la figure 3.

blog_fig3Fig. 3

Travail réalisé par Cengiarotti Timothy, étudiant à l’ULg campus environnement (Arlon), sous la supervision de Julien Minet.